LES FINES

 

Écrit par l’élève-officier Jean Kühnoltz-Lordat, de la promotion du Centenaire d'Austerlitz (1904-1906),

À l’origine les fines étaient les officiers les plus mal classés de leur promotion.
Souvent frondeurs, ils jouissaient d’une grande considération de leurs camarades.
Ils faisaient autorité en matière de traditions.

Les fines sont aujourd’hui élues par leurs p’tits cos mais le chant de tradition demeure.

 

 

Il est d'un usage constant
Qu'en tout pays et en tout temps,
Il soit sur terre de bons enfants
Que l'on estime.
On les appelle de noms d'oiseaux,
De j'm'en-foutistes, de rigolos,
Mais à Saint-Cyr pour eux, repos,
Ce sont les fines.

 

S'ils ont des calots bahutés,
C'est sûrement pas par méchanceté
Ni pour braver l'autorité
Qui les taquine.
Mais c'est qu'à tire-larigot
Qu'ils sortent ou qu'ils aillent au cachot,
Ils font partout toujours calot :
Ce sont les fines.

 

 

Pourquoi les appelle-t-on ainsi,
Nul encore ne l'a jamais dit.
C'est qu'avec eux tout se finit,
Tout se termine.
Insoucieux de leur destin,
Toujours joyeux et pleins d'entrain,
Ils pompent seulement le pékin :
Ce sont les fines.

 

Si leur tunique n'a pas d'cornard,
Ils disent que ça viendra plus tard ;
Ça fait tout de même de bons cyrards
Que l'on estime.
On les attend impatiemment
Car voyant Paris moins souvent,
Ils n'ont plus d'nerfs et plus d'argent :
Ce sont les fines.

 

S'ils terminent la liste du classement,
C'est qu'à Saint-Cyr pendant deux ans,
À boire la Pompe éperdument,
Nul ne s'échine.
Mais allez dans les salles de jeux,
Où sur les marbres glorieux,
Parmi tant de noms valeureux,
Y'a bien des fines.